vendredi 11 juillet 2014

Et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne


Le Corcovado aux couleurs allemandes ? 
"Football is a simple game ; 22 men chase a ball for 90 minutes and at the end, the Germans always win. »
Tout le monde connaît la petite phrase de l'attaquant anglais Gary Lineker : « et à la fin, c'est l'Allemagne qui gagne." 
Cette fois-ci encore, cela a de bonnes chances de se vérifier…
Oui, bien sûr, certains annoncent que c’est l’Argentine qui va gagner. Il faut bien entretenir le suspens. Il est d’ailleurs curieux que les commentaires en France sur les résultats de la Mannschaft soient toujours accompagnés de remarques restrictives. Genre : « ok, ils ont gagné, mais parce qu’ils ont fait preuve de réalisme », sous-entendu : « Il leur manque le « jogo bonito », le beau jeu qui caractériserait le football brésilien et latino-américain. Avouons-le: Nous avons toujours du mal avec l’Allemagne et l’amitié franco-allemande lancée par De Gaulle et Adenauer cache mal les même vieux clichés sur les allemands: Ils sont lourdingues, un peu «panzer». En tennis quand Boris Becker gagnait, c’était Boris « boum-boum ». Et quand aujourd’hui Claudia Schiffer vante les mérites d’une auto « made in Germany », où elle se moque du cliché des allemands trop sérieux et conclut pour expliquer son choix :«normal ! c’est une allemande.. », certains internautes commentent : « C’est une pub nazi ».
Finalement, nous aimions bien l’Allemagne quand elle était un nain politique; Comme l’avait écrit François Mauriac: « j’aime tellement l’Allemagne que je préfère qu’il y en est deux » ou encore comme le chantait Patricia Kaas : « De quel côté du mur, la frontière nous rassure ». Cela nous arrangeait bien que l’Allemagne soit divisée en deux. Ressasser le passé: Certains médias se sont complu à diffuser et rediffuser le fameux France-Allemagne de 1982, histoire de bien entretenir cette petite musique anti-allemande.
Alors que comme dirait Didier Deschamps : « Quand t’es pas né, t’es pas né ».
Et alors que cette équipe d’Allemagne non seulement joue bien mais est également sympathique, à l’image de l’Allemagne d’aujourd’hui, qui a tellement changé en 40 ans, avec tout cet éventail de joueurs de toutes origines.
Coup de sifflet final : Parions qu’il consacrera l’Allemagne. Mais que certains continueront à penser, comme cette autre phrase de Lineker : « Le problème avec les allemands , c’est qu’ils sont allemands ».

Playlist du blogodinho :
L’Orchestre « Allemand » de Nova Petropolis…
Banda Alem Winze

Il n’y a pas que le samba au Brésil !




mercredi 9 juillet 2014

Seleção + consternação = Revolução ?

Heureusement que l'Allemagne a donné Gisele Bundchen au Brésil!

E agora ? Et maintenant ? Voilà ce que se demandent les journaux brésiliens ce matin.
Arrêtons de folkloriser le Brésil, dont le seul opium du peuple serait le « futebol ». Mais on peut comprendre la « consternação » :  Mais imaginons un seul instant la France battue en demi-finale 7 à 1 par l’Allemagne au stade vélodrome ? Combien de voitures brûlées ? Marine et famille auraient appelé à la réouverture de la ligne Maginot…
En revanche, il est probable que la parenthèse merveilleuse de ces premières semaines de Mondial, où les stades étaient beaux, où l’ambiance était super, où les supporters faisaient la fête sur les plages de Rio, cette parenthèse va se refermer.
Le Brésil entre à nouveau en campagne électorale – les Présidentielles cet automne – et va retrouver ses difficultés. Pas celles de l’Argentine, au bord de la faillite économique, pas celles du Nigeria, au bord de la guerre civile avec Boko Haram, ni même celles de la France, lanterne rouge économique de l’Europe, et championne du monde de la déprime. Non : Celles d’un géant non pas émargent mais émergé, qui a plus changé en 15 ans qu’en 150 ans, et où la population rêve d’éducation, de transports, d’hopitaux, plus que de stades de foot.
Lorsque les feux du mondial seront éteints, la présidente Dilma Rousseff, qui n’a pas le charisme de son prédécesseur Lula, qui promet beaucoup et agit peu, risque elle aussi d’être renvoyée au vestiaire. Et devant la justice et les commissions d’enquête du Parlement. Car pendant que nos reporters jouaient à la baballe, les juges brésiliens continuaient d’enquêter. Notamment sur le scandale «Petrobas», le géant du pétrole, dont les dirigeants sont soupçonnés de corruption pour des opérations effectuées alors que l’actuelle Présidente était ministre de l’énergie, et où l’on retrouve des filiales de … GdF-Suez… Au moins 7 anciens ministres du P.T, le parti de Lula et de l’actuelle Présidente, sont poursuivis en justice, ou déjà condamnés et en prison !
Ce ne sont pas les favelas qui vont descendre dans la rue, ni les plus pauvres, mais bien ces déçus du miracle brésilien, les classes moyennes, dont le slogan est déjà« Fora Dilma » : Dehors Dilma.
Comme pour le Carnaval de la chanson, « la joie du peuple est une grande illusion… La tristesse ne finit jamais, le bonheur lui , si ! »

Playlist du blogodinho :
Le Samba do Alemão de Sérgio Andrade



lundi 30 juin 2014

Mondial 2014 : La mauvaise excuse de la chaleur.

Neige à Miramar
De petites équipes latino-américaines qui élimininent des géants du foot européen. On cherche des explications, des excuses. La dernière en date : Le climat.
Il fait chaud à Manaus, c’est le cagnard à Fortaleza, on étouffe à Brasilia. Et les équipes européennes seraient donc désavantagées par rapport aux joueurs venus de Colombie, Chili, ou Argentine. 
Petite météo de la semaine : Il fait entre entre 11 et 15 ° C à Porto Alegre où joueront l’Algérie et l’Allemagne, 9 et 18 °C à Bogota (Colombie). On s’attend à des températures proches de 0°C la nuit à Santiago (Chili), et à Buenos Aires, c’est l’hiver. Et même si c'est rare, il peut même neiger, comme l’an dernier à la même époque jusque sur la station balnéaire de Miramar.
Alors question climat, on voit mal quels avantages ou désavantages ils auraient ou nous aurions !
Et puisque les « Bleus » jouent aujourd’hui à Brasilia, rappelons que comme Belo Horizonte ou São Paulo, c’est une ville construite en moyenne altitude - 1100 mètres pour la capitale du Brésil - et qu’il y fait toute l’année beaucoup moins chaud qu’à Séville ou Montélimar !
Nos commentateurs et journalistes continuent à projeter leurs préjugés et visions folklorisantes sur le Brésil et l’Amérique latine. Ils renouent avec la théorie du climat, bien connue en économie, et qui était utilisée par les occidentaux pour expliquer pourquoi les pays du sud étaient moins développés que ceux du nord. Sauf que aujourd’hui la croissance c’est eux, en économie comme en foot.
Et puis, comment font les joueurs de l’équipe de France originaires des pays tropicaux et équatoriaux? Comment des Florent Malouda ou Bernard Lama ont-ils pu jouer au foot , alors que le climat à Cayenne n’est pas plus « froid » qu’à Manaus ?
Quand Christophe Colomb a découvert les côtes de l’Amérique, les Antilles, il a décrit le climat non  pas comme une fournaise mais comme « aussi doux qu’un printemps en Andalousie ».
Ne nous cherchons pas d’excuses : Ce mondial au Brésil montre surtout que sur la planète foot les européens doivent faire la place à des nouveaux entrants : Aujourd’hui, l’Amérique latine. Demain, en 2018 ou 2022, les équipes africaines. Même si in fine le 13 juillet, ce sont les allemands voire les français qui sont sacrés champions.
En sport, comme en économie, il va nous falloir nous battre pour gagner notre leadership. Et là que vont dire les Le Pen père, fille, petite fille ? On ferme les frontières ?
Au fait, toujours le portugais. C’est simple, pourtant : Pas Rio de » Dja-neiro », mais « Ja- neiro » : Débouchez-vous les oreilles, les gars !
 Et on dit Ma-ra-ca-na. Et pas Maracagna , on n’est pas en Espagne !

Playlist du blogodinho :


La vidéo Rio 40 °C , Fernanda Abreu, star du samba-funk
Parce qu’en été , en janvier, il fait vraiment chaud à Rio !



vendredi 27 juin 2014

Mythique, historique : Les mots du Mondial.


#seleção#Brésil#Coupedumonde#EdF#maracanã#cricket#algérie
La qualification de l’Algérie : Historique. Le stade du Maracanã : Mythique. Nous nous gargarisons de mots qui à force d’être utilisés et répétés à tout propos perdent de leur signification, de leur force. C’est comme si les professionnels de la com’, les journalistes manquaient de vocabulaire. Comme si nous nous refilions tous les même « éléments de langage », les même « mots-clefs ».
Ainsi, il était fascinant d’entendre les footballeurs français répondre aux questions : Qu’est-ce-cela vous fait de jouer dans le stade mythique du Maracanã ? « C’est un stade mythique. C’est mythique». Mais personne pour leur demander de creuser un peu plus. « Mythique, c’est-à-dire ? Plutôt Ilyade ? Odyssée ? Walhallah et Or du rhin ? Seigneurs des anneaux ? Donjon et dragons ? » A un moment on se demandait même si certains ne confondaient pas avec « meetic ». Ou avec « mystique », quand on voit le nombre de joueurs qui invoquent Dieu avant de rentrer sur le terrain. Mais là ils ont tort, car comme on le sait bien au Brésil, Dieu est brésilien, et avec tous les orixas qu’on peut appeler à la rescousse, c’est sûr : Le Brésil sera champion du Monde.
Non, je plaisante. C’est comme pour la qualification de l’Algérie. Superbe, certes. D’ailleurs, on se demande pourquoi TF1 n’a pas diffusé le match, pourquoi il n’y a pas eu d’émissions spéciales comme pour un match des Bleus. Nous avons tellement de liens avec l’Algérie, tant de nos familles y ont des parents ou des racines. Et Lundi entre l’Allemagne et l’Algérie, pour quelle équipe vont battre nos cœurs ? Pour ceux qui aiment ces deux pays et qui y ont vécu dans les deux, des événements vraiment historiques – l’ouverture du mur de Berlin en 1989 me semble « historique » – cela va être un déchirement!
Et puis personne ne l’évoque, mais après tout ce n’est pas impossible, une finale Algérie-France, le 13 juillet: Comment  vivrions-nous cette finale « historique »? Cette rencontre ferait remonter tant de couches d’Histoire et d’histoires encore mal digérées plus de 50 ans après l’indépendance. Et en cas de défaite, de la France, alors là  ce serait encore plus historique. Une deuxième indépendance.
Un peu comme lorsque l’Angleterre se fait battre par une de ses anciennes colonies, en cricket sport qu’elle a inventé comme le foot ou le rugby. La première défaite face à l’Australie est restée dans l’histoire. En 1882. La presse avait alors publié un avis de décès du cricket anglais. Indiquant qu’il serait incinéré et ses cendres transportées en Australie. Cendres. Ashes, c’est le nom donné aujourd’hui aux rencontres annuelles Angleterre – Australie. Et cette année, les australiens ont ratatatiné les anglais à Melbourne. Une humiliation qui a fait une nouvelle fois remonter un siècle de relations compliquées d’amour-haine entre colonisateurs et anciens-colonisés. 
Décidément, sous le ballon ou derrière les balles, la politique n’est jamais loin.

Playlist du blogodinho :
Pais tropical (1972) de Jorge Ben, inventeur du samba-rock:
« morro num pais tropical, abençoado por deus… »
J’habite un pays tropical , béni de Dieu… »


mercredi 25 juin 2014

Le mythe du Maracanã: Mais ça c’était avant.

le Maracanã : En 1950 -                  Aujourd'hui
#seleção#Brésil#Coupedumonde#EdF#maracanã#rio
Depuis quelques jours, tout le monde fantasme sur « l’enceinte mythique» du Maracanã de Rio. « Mythe », c’est bien le mot. Car le nouveau Maracanã n’a plus rien à voir avec l’ancien stade. Si ce n’est l’enceinte extérieure, qui a été classée monument historique.
L’ancien Maracanã avait été construit en 1950.  Comme pour les stades de la Coupe du Monde d’aujourd’hui, des retards monstrueux s’étaient accumulés, et des milliers d’ouvriers, souvent « importés » du Nord-est du Brésil avaient dû travailler nuit et jour pour achever le stade. Un chantier pharaonique qui n’était pas allé sans son lot de morts. Mais à la différence d’aujourd’hui, les travaux ne s’arrêtaient même pas lorsqu’il y avait des accidents. On raconte que certains ouvriers tombant dans les formes des piliers ont été même enfouis sous les tonnes de béton dont on ne stoppait pas le coulage.
Mais au final, le résultat était là: Le stade plus grand du monde, 200 000 spectateurs, le dixième de la population de Rio de l’époque !
Le Brésil marquait son entrée dans la modernité, parmi les futurs grands du monde.
Le Maracanã, c’était aussi une ambiance due en grande partie à cette particularité, les 120 000 places debout de l’anneau inférieur: Des places peu chères, qui permettaient aux plus modestes de venir voir les matchs. Des places gratuites si le stade n’était pas plein à la mi-temps. Et puis les vibrations des tambours des batucadas qui vous saisissaient même à l’extérieur du stade. Il n’y a pas un habitant de Rio, quelque soit son niveau social, qui ne soit allé au Maracanã, au moins une fois dans sa vie.
Bien sûr, le Maracanã avait vieilli, il sentait la pisse, certains piliers s’effritaient. Il devenait dangereux. Et Le Brésil l’a donc mis aux normes, modernisé, sécurisé, mais pour beaucoup… aseptisé. « Sem graça », sans charme, voilà ce que regrettent les spectateurs qui d’ailleurs sont beaucoup moins nombreux à remplir le Maracanã, comme tous les autre stades du Brésil. C’est l'effet télé et internet ; Qui n’a pas son écran plat, y compris dans les favelas ?
Et puis seulement 75 000 places, certes assises, mais plutôt chères, et puis des loges VIP, comme le long du sambadrome pour le carnaval. .
Le Maracanã est à l’image du Brésil d’aujourd’hui, plus riche, avec toujours des différences sociales gigantesques, modernisé, aux "normes »mondiales, mais moins exotique..
Il reste le mythe. Avec ce nom qui chante : Maracanã. Et ça c’est formidable : Tant mieux si les touristes s’y précipitent.
Au fait, toujours cet accent tilde ~ mais cette fois-ci sur le ã final. C’est simple, cela indique que l’accent tonique est sur la dernière syllabe. On dit donc Ma-ra-ca-na. Et pas Maracagna , on n’est pas en Espagne !
Playlist du blogodinho :

La vidéo du but mythique de Pelé en 1961.

Une plaque a même été apposée qui célèbre le « gol de placa », le plus beau but dans l’histoire du Maracanã et peut-être de l’histoire du foot.

mardi 24 juin 2014

Profitons bien de cette Coupe du monde au Brésil!


#seleção#Brésil#Coupedumonde#EdF
Il y a 15 jours encore, on nous annonçait une Coupe du monde cauchemardesque avec une organisation – brésilienne – merdique. Aujourd’hui, nos confrères s’enthousiasment pour le plus beau des «mondial». Ils s’extasient devant la passion des supporters, la beauté des stades. Comme celui de Brasilia, qui était présenté comme une aberration coûteuse, qui ne serait jamais prêt à temps ; un stade inutile dans une ville sans grande « tradition footballistique ».
Ce revirement à 180° de la presse française révèle que beaucoup de nos confrères ignoraient ( ignorent ?) tout ou presque de la réalité brésilienne et de l’histoire même de Brasilia construite en 1005 jours !
Car le Brésil est depuis sa formation un pays tourné vers l’avant, vers l’avenir ; Trop peut-être. Le concept de « être prêt à temps » lui est un peu étranger. Il y a 50 ans quand le gouvernement a imposé le transfert de la capitale à Brasilia, qui avait été prévu un siècle auparavant, rien n’était prêt. Brasilia, a été dessinée en quelques mois, construite à partir de rien, et au milieu de rien. Obligées de quitter leurs résidences et plages de Rio, les ambassades étrangères l’avaient eu très mauvaise. Beaucoup avaient emménagé avec casques et bottes de chantier au milieu d’un chaos de latérite!
Aujourd’hui, Brasilia est devenue une vraie capitale, une ville d’un million et demi d’habitants, un hub routier de première importance. Où le centre planifié a été dépassé par la construction anarchique de banlieues et de favelas. Mais la capitale pouvait-elle être la seule ville du Brésil sans pauvreté ?
Et puis, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Brasilia est une sorte de Washington tropicale, avec des monuments d’une beauté à couper le souffle, comme le Palais de l’Aube (Alvorada), l’Itamaraty (Affaires étrangères), la Cour suprême, la Cathédrale, la Place des 3 pouvoirs et puis, symbole de la démocratie brésilienne,  les 2 coupoles inversées et les tours jumelles du Parlement se reflétant sur un vaste bassin où nagent un cygne noir et un cygne blanc…
Parions que ce mondial brésilien va être superbe, une vraie fête… Profitons-en bien comme les brésiliens qui savent qu’il ne sera, comme le carnaval, qu’une parenthèse avec retour à de dures réalités sociales, économiques, politiques.
Profitons-en bien avant les deux prochains mondiaux de 2018 et 2022 qui seront peut-être mieux « préparés », mais qui, sans faire injure aux russes et aux qataris, seront à coup sûr, moins « festifs»…

Playlist du blogodinho :

Construção de Chico Buarque de Holandia,

Une chanson de 1971, hommage aux ouvriers qui depuis des décennies sont morts, anonymes, sur toutes ces « constructions », dans les piles en béton du Maracanã, les immeubles et les tours de Rio ou São Paulo ou dans les fondations de Brasilia.
E se acabou no chão feito um pacote bêbado

Morreu na contramão atrapalhando o sábado
(Il) termina au sol comme un paquet ivre

Et mourrut dans le sens interdit en gênant la criculation du samedi



lundi 23 juin 2014

Ilusão como verdade

Bel exemple de l’humour algérien ( paru dans  El Watan) 
#algerie#Brésil#Coupedumonde 

Il est intéressant de suivre ce que disent et écrivent d'autres que les français sur le Brésil. 
A lire donc, une excellente série d'articles de Abdelkader Djemaï, publiés par El Watan. Apparemment le regard algérien sur le Brésil est moins superficiel que celui de beaucoup de nos confrères français. Peut-être parce que l'Algérie partage un certain nombre des contradictions qui rendent le Brésil difficile à saisir au-delà des clichés de cartes-postales. Dans les deux pays, le décalage est immense entre les discours officiels, forcément optimistes et la réalité: Mal gouvernance, corruption, violences, infrastructures inachevées: C'est ce qui fait encore la Une des journaux brésiliens aujourd'hui. Avec ces faits "divers": 2 morts, 3 blessés dans des tirs dans une favela près du téléphérique "Complexo do alemão". L'attaque en pleine journée et en plein parlement, des bureaux d'un sénateur de Rio. L'alerte aux bouchons en prévision du match du Brésil qui doit débuter à 17 heures, heure de Rio. 
Et puis cet édito du "Jornal do Brasil": Ilusão como verdade. Prendre ses désirs pour la réalité. 
Car les voyants économiques brésiliens sont en train de passer au rouge. Les prévisions de croissance  sont encore revues à la baisse. 
Même s'ils ont le foot et le samba, même s'ils entendent bien profiter au maximum de la grande fête du foot, les brésiliens savent que le réveil sera dur après la Coupe. Comme le carnaval, le mondial est "la grande illusion du peuple", et comme le dit la chanson; "la tristesse n'a pas de fin, mais le bonheur si... "
Le mot du jour: Ilusão , qui se prononce "ilou-zan", et non pas "ilouza-o"

Playlist du blogodinho:

de 2 formidables compositeurs, poètes, musiciens, Vinicius de Moraes et Tom Jobim. En l'honneur duquel a d'ailleurs été baptisé l'aéroport international de Rio. 
Une chanson composée en 1959 pour le film "Orfeu Negro" de Marcel Camus, palme d'or à Cannes, oscar du meilleur film étranger à Hollywood. Un grand moment de la culture brésilienne et des échanges entre artistes français et brésiliens. 

samedi 21 juin 2014

Et ils sont où ceux qui prévoyaient un mondial catastrophique ?


Bien sûr, il y a les performances des « bleus ». La France ne gagnera peut-être pas la Coupe du monde, mais en tout cas, l’image qu’ils nous (r)envoient nous fait plaisir, à tous, que l’on soit fan ou pas de foot. Quelle différence avec les psychodrames d’il y a 4 ans, en Afrique du Sud… passons, c’était nul !
Mais il y a aussi tous ceux qui nous annonçaient un mondial calamiteux, des stades pas finis, une organisation bordélique, des brésiliens vent debout contre la « Copa « et la « FIFA ». Aux cris de « Não vai ter Copa ».
Le premier anniversaire des grandes manifestations anti-mondial qui avaient fait descendre des millions de brésiliens dans les rues, a fait « pschiiiitttt ». Quelques centaines d’ultras, plus casseurs que manifestants, vite dispersés par la police militaire, qui, il est vrai, ne sont pas des bisounours. Pour le reste, l’immense majorité des brésiliens fêtent le foot, et ce mondial qui nous surprend d’ailleurs avec des idoles qui s’effondrent, des rebondissements, du suspens, des beaux matchs, et de belles ambiances : Car quand même, effectivement, foot et samba vont bien ensemble.
Mais atenção !, les brésiliens  ont goûté à la démocratie. Les mouvements d’il y a un an, et d’il y a encore quelques semaines, ont été une première et cela restera dans l’histoire des progrès des libertés au Brésil.
Une fois, la fête terminée, la politique reprendra le dessus, avec la campagne pour les présidentielles le 5 Octobre prochain. Les critiques contre la gabegie, contre  les retards des chantiers des transports, des routes, les hopitaux, reprendront. Comme celles contre la corruption, une plaie qui est d’ailleurs un des principaux freins à la croissance brésilienne. Même si la justice brésilienne est à l’œuvre : Depuis 4 ans, 7 ministres ont dû démissionner. José Dirceu, l’ancien « Premier ministre » de Lula a même été condamné à 7 ans de prison.
Tout cela rebondira à la fin du « mondial ». Et si en plus, la « seleção »ne gagne pas « son » mondial, la réélection de Dilma Rousseff risquerait d’être compromise…
Playlist blogodinho :
« Chupa toda » ( « suce tout… ») : Un duo entre Ivete Sangalo, une des chanteuses les plus populaires du Brésil, et Gilberto Gil devant ce stade de Fonte Nova où se jouait Suisse-France à Salvador de Bahia.

mardi 17 juin 2014

Porto Alegre : Porto (un)-happy


Nous avons été plus de 15 millions à suivre le premier match de Bleus à Porto Alegre. Du stade nous avons entraperçu quelques structures formant une sorte de grande coque. « Un magnifique stade raté » selon une phrase de Guy Roux, très retweetée par la presse locale, en français dans le tweet. Sauf quelques rares exceptions, rien ne ressemble plus à un stade qu’un autre stade, Quoique… Porto Alegre possédait déjà un stade gigantesque l’Arena do Gremio. Etait-il indispensable d’en construire un nouveau dans cette ville d’un million d’habitants ? Sauf pour nourrir des intérêts très locaux et très « BTP », d’où ces chantiers coûteux, pas complétement terminés.
Qui se souvient qu’en son temps, il y a 10 ans à peine, Porto Alegre était considérée comme le laboratoire des altermondialistes, des partisans d’un autre développement fondé sur la participation des habitants et mouvements associatifs ? Et l’on voyait les dirigeants du Parti Travailliste Brésilien, le parti de Lula et l’actuelle Présidente Dilma Rousseff, bras dessus, bras dessous, avec José Bové, ou Danielle Mitterrand. Un autre monde, un autre développement était possible et la démocratie participative de Porto Alegre allait montrer l’exemple.
Cela paraît bien loin, comme les promesses faites aux dizaines de milliers de familles déplacées par des travaux pharaoniques mais toujours inachevés. Car ce n’était pas qu’un stade qu’on construisait, mais un réaménagement de la ville et de son système de transports.
Porto Alegre découvre qu’elle est comme le reste du Brésil, elle qui se prenait pour une sorte d’Europe brésilienne. Avec sa population plutôt d’origine allemande et italienne, comme dans l’état voisin, à Florianopolis ou Blumenau, dont la fête de la bière est le deuxième événement le plus populaire au Brésil, après le carnaval de Rio.
Porto Alegre n’est plus si heureuse que ça, et les jeunes de la ville s’en moquent avec un clip « un-happy » qui détourne le « happy » de William Pharrell.
Sauf pour les « bleus » qui y ont fait un match en fanfare, Porto Alegre, annonce les lendemains de Coupe qui déchantent. Notamment pour l’actuelle Présidente Dilma Rousseff, qui pensait sa réélection aux Présidentielles de novembre prochain, aussi assurée que… la victoire du Brésil au mondial.

Ma playlist :



samedi 14 juin 2014

Ribeirão Preto, la capitale des bleus est aussi celle des demis de bière !



Ribeirão Preto, camp de base de l’équipe de France pendant le mondial n’est pas franchement ce qui se fait de mieux en matière de dépaysement exotique !
Au Brésil, elle est connue pour être la « Capital do chopp », la capitale de la chope de bière. Pas un visiteur qui ne se rendra à la « maison du pingouin ». Véridique : « Pinguim » » Pingouin » est le nom de la bière locale. On a l’exotisme qu’on peut et dans un pays tropical, on rêve de froid aussi «Antartica » ou « Pinguim » sont des must pour des noms de bière.
Installée dans la maison Diederichsen, un des rares bâtiments anciens de la ville, la « maison du Pingouin » est une sorte de Tour Eiffel locale. On comprend donc qu’à Ribeirão Preto l’ambiance est plus proche de la fête de la bière à Munich que du carnaval de Rio!
D’ailleurs Ribeirão Preto fait partie de ce Brésil « tempéré », parce que situé sur des collines de moyenne hauteur , au climat moins chaud. La population noire y est beaucoup moins nombreuse que la moyenne brésilienne. Les colons venus d’abord d’Italie, d’Allemagne, puis même du Japon ont été attirés par la richesse des terres dites « violettes » et ont d’abord développé la culture du café. Avec la construction d’un chemin de fer la reliant à São Paulo à 300 kilomètres et au port de Santos, Ribeirão Preto était même la capitale du café brésilien jusqu’à la crise de 1929. Les riches propriétaires y avaient leurs demeures. Puis sont venues d’autres productions agricoles, des centres d’enseignement et de recherches.  Notamment en médecine avec des centres de pointe sur la lèpre et les maladies tropicales.
Aujourd’hui, avec un million d’habitants, ce qui est peu à côté des 20 millions de São Paulo la capitale de l’Etat, Ribeirão Preto fait figure de ville tranquille, prospère, son revenu par habitant est le double du revenu brésilien. Elle se veut un peu la Californie brésilienne.
Mais on est loin de la mer,  des « moças » aux corps dorés des plages de Copacabana, loin des or et fastes du Brésil colonial et baroque, loin du Brésil africain de Savaldor de Bahia, loin des folles nuit de São Paulo.
Sauf donc, la bière qui a même profité de la venue de l’équipe de France pour sortir une bouteille «Allez les bleus » (si, si ! voir photo)
Une ville qui a quand même à voir avec le foot, puisqu’elle a vu grandir Raï et Socrates.
Ah ! oui, encore une fois Ribeirão Preto – « ruisseau noir « en portugais - se prononce « Ribéran », et non pas Ribéro, ni Ribéra-o, ni même  Ribéry ( LOL !), car le ão portugais est l’équivalent du an français. Mais il paraît  que c’est trop demander à nos confrères journalistes.

vendredi 13 juin 2014

Brésil : Ordem e progresso !








Ordre et progrès, c’est la devise inscrite sur le drapeau brésilien. C’est une devise inspirée par le français Auguste Comte, dont la philosophie «le positivisme» a influencé les pères fondateurs de la République brésilienne proclamée en 1889. Un philosophe très apprécié par Valéry Giscard d’Estaing, qui fit même ré-installer sa statue devant l’Université de la Sorbonne à Paris. Un peu moins par Claude allègre, qui, lui, fit retourner la statue. Aujourd’hui Auguste Comte tourne le dos à la Sorbonne.
Croyant en l’évolution, à la science, Auguste Comte énonçait :"L'Amour pour principe, l'Ordre pour base, et le Progrès pour but ». et « Le progrès est le développement de l'ordre »
Pas de progrès sans ordre - les positivistes croient à l’évolution pas à la révolution violente-  mais pas dans d’ordre sans progrès. C’est ce que les brésiliens réclament dans les rues depuis des mois. Que leur devise ne soit pas que virtuelle. Ils réclament que leur hymne national qui annonce « Géant par ta propre nature » ça les brésiliens en sont sûrs, « Ton avenir reflète cette grandeur » et là, ils souhaiteraient que ce ne soit pas seulement l’avenir mais le présent.
Il n’y a pas de contraction entre être fier d’être brésilien, de se passionner pour les « auriverde » , les "or et vert"- le surnom de l’équipe brésilienne - et de manifester son mécontentement à l’égard de la mauvaise gouvernance mise en évidence par ce mondial trop coûteux, trop désorganisé..
En 20 ans, le Brésil a accompli un formidable bond en avant. Ce n’est pas un pays émergent, mais déjà émergé. Et une démocratie qui se découvre. Cela n’a pas toujours été le cas, puisque la dictature militaire installée par un coup d’état, fortement inspirée par la CIA américaine, n’a cédé la place qu’en 1985.
A la fin de sa vie, Auguste Comte fonda une nouvelle religion, l’Eglise universelle. Sa chapelle à Paris a été rachetée par l’Eglise positiviste brésilienne, qui possède plusieurs temples au Brésil, dont l’un au centre de Rio. Pas sûr que beaucoup de supporters français aillent faire un tour devant un des témoignages des liens culturels qui depuis longemps unissent France et Brésil.
Playlist du jour :
Le Samba de Orly de Chico Buarque de Holanda, composé alors que le chanteur était parti en exil en Europe.




mercredi 11 juin 2014

O Blogodinho, le petit blog sur le Brésil, qui n'est pas que foot et samba.
Ce soir la cérémonie d'ouverture de la Coupe du Monde.
Où l'on verra que le monde entier est au Brésil, la plus grande communauté italienne hors d'Italie, Plus de portugais qu'au Portugal, la plus grande communauté allemande hors d'Allemagne, la plus grande communauté japonaise hors du Japon, la plus grande communauté syro-libanaise, etc... Et le second pays noir après le Nigéria.
Et ce soir les racines africaines se feront entendre à travers les percussions "impressionnante"
du groupe "Olodum" de Salvador de Bahia, la "Jérusalem" noire du Brésil...
Ma playlist:

lundi 9 juin 2014

O Blogodinho

O blogodinho, le petit blog, c'est la version "tropical" du Blogodo de Pierre.M Thivolet.

Tous les jours, pendant la Coupe du Monde, une petite lettre sur le Brésil,
que je n'ai pas découvert avec la Coupe, mais encore sous la dictature militaire,
qui n'est pas que foot et samba, mais qui est aussi foot et samba.
Qui aimerait bien que même si "le futur appartient au Brésil", le présent appartienne un peu plus aux Brésiliens.
Brésil, amour et haine,
parce que c'est un pays tropical, "béni par Dieu et la nature",
mais que le "carnaval est la grande illusion des pauvres, un instant de rêve et de fantaisie, mais après tout se termine le mercredi des cendres", et retour aux réalités.
Et la réalité , c'est encore un des pays où la plus extrême pauvreté côtoie la plus grande richesse...